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Le Bouffay est le quartier historique de Nantes, puisque la ville s'y est formée depuis l'arrivée des Namnètes dans la région. La toponymie (« place du Pilori », « rue de la Juiverie »), de même que la physionomie architecturale et urbaine du Bouffay gardent les traces de cette histoire : les rues y sont étroites et on y note la présence de plusieurs maisons à colombage du XVe siècle, dont la fameuse « Maison des Apothicaires » ainsi que l'« Hotel des Jacobins » datant de la même époque.
De nos jours, le Bouffay est l'un des quartiers de Nantes les plus touristiques, abritant notamment de nombreux restaurants, crèperies et bars qui lui apportent une activité nocturne trépidante, surtout le week-end.
Le quartier est desservi par le tramway à la station Bouffay.
Histoire
Il est fort probable qu'il existait avant la conquête
romaine, une bourgade
celte qui commençait déjà à avoir une vocation à la fois industrielle (on a retrouvé dans la région nantaise des vestiges d'une industrie du
Bronze très florisante) et commerciale, où l'on y échangeait du blé, du chanvre, de la laine, des salaisons de porcs, des chaussures et arnachements de cuir, des outils et des armes en bronze (ou en fer), contre des vases
grecs, des tapis, des bijoux, des huiles et du vin venant des contrées du sud.
Ce n'est après la conquête romaine, au que la cité de Condevincum allait connaître le début d'une véritable expansion. Celle-ci occupait alors une superficie de 16 hectare, centrée essentiellement sur le quartier du Bouffay. Et était délimitée approximativement :
- au sud, par la Loire (actuelles allées de Flesselles, de la Tremperie et du Port Maillard),
- à l'ouest et au nord, par l'Erdre (actuel Cours des 50 otages),
- à l'est, par les cours Saint-Pierre et Saint-André.
Il faut également préciser que les cours de la Loire et de l'Erdre étaient à l'époque beaucoup plus large qu'ils ne l'étaient au moment des comblements dans les
Années 1930-
1940.
Entre IIe et le IVe siècle, Condevincum (du Latin signifiant « confluence ») était peuplé d'environs 20.000 habitants et comportait un forum situé non loin du port (à l'emplacement de l'actuelle Place du Bouffay). Celui-ci semblait être orné de portiques et autres monuments remarquablement sculptés. L'ensemble était alors cerné d'une muraille de 1665 mètres, bâtie en briques sur une assise de moellons, épaisse de 4,50 mètre au maximum, et agrémentée de plusieurs tours. Quelques poternes facilitaient l'entrée dans la cité (les vestiges les mieux conservée à l'heure actuelle restant ceux de la porte Sain-Pierre, large de 2,55 m et longue de 8,70 m permettant le passage d'un chariot).
Comme dans beaucoup d'autres cités fluviales, les nautes de la Loire ( « nautae ligerici » ) formait une riche et puissance Corporation d'armateurs qui avait la haute main sur le trafic de la Loire et détenait un poids important dans l'administration de la cité.
Le Christianisme apparaît dans la région nantaise au IIIe siècle, illustré par le martyr de Saint Donatien, et son frère Saint-Rogatien vers 288. Le premier santuaire chrétien à Nantes fut d'ailleurs construit à l'extérieur de la cité, sur le domaine familiale (à l'emplacement de l'actuelle Église Saint-Donatien). Cependant, il faudra attendre l'édit de tolérance de l'Empereur Constantin Ier en 313, pour voir s'édifier la première cathédrale nantaise, là où se dresse l'actuel édifice. Nantes devenant très tôt le siège d'un évèché dans la mouvance de la métropole de Tours.
Après la chute de l'Empire romain d'occident, Nantes connaît une période de troubles et d'anarchie. Seul l'autorité de l'évêque de la cité,
Saint Félix I
er, finit par s'imposer, gouvernant la ville pratiquement seul de
550 à
583. Ce dernier laissera le souvenir d'un administrateur hors pair, d'un diplomate avisé et d'un grand bâtisseur. Ainsi, non seulement lui on devra l'achèvement d'une magnifique cathédrale (pour laquelle il fera venir du marbre d'Italie), mais aussi le creusement du canal qui porte actuellement son nom, au sud-est de la cité, et qui était destiné à lutter contre l'envasement du port (situé au niveau de l'actuelle Place du Bouffay).
Après la mort de Félix, Nantes sombre de nouveau dans une période d'insécurité. Charlemagne y établira un Comté, afin de lutter contre les incursions bretonnes. La rivalité entre le comte et l'évêque se fit alors incessante.
Cette situation ne tarda à profiter aux normands qui attaquèrent une première fois la ville en 843, qu'ils pillèrent, massacrant la population réfugiée dans la cathédrale et tuant l'évêque Gohard. Puis de nouveaux raids eurent lieu en 853, 867, 886. Le dernier d'entre eux, en 919, videra quasiment Nantes de toutes sa population, les normands restant sur place pendant près de vingt ans. Il faudra attendre l'arrivée du jeune duc de Bretagne, Alain Barbe-Torte en 937, pour libérer la ville de leur emprise.
Ce dernier fera de Nantes, enfin libérée, la capitale de son duché. Il fut ainsi considéré comme étant le véritable fondateur de la cité médiévale.
D'après les chroniques, la ville fut divisée en trois quartiers, dont l'un fut placé sous l'administration de l'évêque, les deux autres étant gèrées par le duc et ses compagnons d'armes. Ce découpage allait provoquer par la suite d'interminables conflits.
L'ancienne enceinte gallo-romaine fut délaissée et un réduit fortifié fut construit autour du quartier épiscopal : il suffisait à lui seul à abriter la petite communauté urbaine qui se reconstituait, par l'apport d'une population de serfs fugitifs auxquels le duc avait accorder un droit asile sur ses terres.
Après la mort d'Alain Barbe-Torte en 952, Nantes fut le théatre d'une lutte d'influence entre les maisons comtales : celle de Nantes et celle de Rennes. Ce fut cette dernière, en la personne de Conan Ier le Tort, qui s'imposa en 988.
C'est lui qui fera construire à l'extrémité sud-ouest de la cité (donc sur le côté ouest de la « Place du Bouffay »), le palais comtal que l'on désignera par le nom de « Château du Bouffay ». L'édifice d'abord érigé semble-t-il en bois, gardera sa fonction jusqu'à la construction du Château des ducs, puis deviendra le siège de l'administration municipale, avant d'être rasé lors des travaux d'urbanisme au XIXe siècle.
La Révolution française
Le quartier comptait une des prisons de Nantes sous la Révolution, la
Prison du Bouffay. Jean-Baptiste Carrier, envoyé à Nantes pour réprimer les
Guerres de Vendée, y établit un tribunal révolutionnaire. Il tient régulièrement des discours du haut de la chaire de l'église Sainte-Croix et fait procéder à des exécutions à la guillotine sur la place du Bouffay.
Voir aussi
Liens externes